1770-10-31, de Louise Suzanne Gallatin à Frederick II, landgrave of Hesse-Cassel.

Monseigneur,

. . . Nôtre ami se porte très bien, et a bien ris sur ce que vous dîtes sur la Providence.
Il est très sensible à la part que vous prenez sur ce qu'elle l'a épargné. Il se met à vos pieds, pour vous prier de recevoir son profond respect avec tous les sentimens que Vôtre Altesse Sérénissime mérite. Il travaille toujours à force à son Enciclopédie. Vous aurez les 3 premiers Volûme incessamment. C'est parce qu'il a voulû qu'il n'en parût point qu'il n'y en eû 3, que vous n'en avez encore point reçeu. Sans cela il y a Longtemps que vous auriez reçeu les 2 premiers; il y a baucoup de pièces de Lui dans L'Evangile du jour: le Marseillois et le Lion, les 3 Docteurs oû L'Empereur en Sorbonne &c. Il n'en désavoüe aucuns, je ne sçais s'il les désavoüe avec d'autres personnes, mais non pas avec moi….

Auroi-je Monseigneur la Consolation de vous voir L'année prochaine? Il n'y a que Cette espérance qui me soutienne. Que je serois heureuse si J'ay ce bonheur! Je n'envierois alors le sort de personne. Que je serois prompte à exécuter vos ordres, quand vous me manderez de vous préparer un appartement, soit Chez moi, oû aillieurs! Combien de voeux ne fais-je pas pour cette arrivée, si Long tems promise, et si Long tems attendue! Ho sûrement Mon Cher Prince aura cette bonté pour moi, pour notre ami, qui dézire ardemment de voir Monseigneur Le Landgrave avant que de mourrir. Vous voyez Monseigneur que cet un acte de Charité que vous devez à un mourant. Car quoi qu'il se porte à merveille, il veut toujour qu'on dise qu'il est au bord du Tombeau. Nous ferons l'impossible pour que Vôtre Altesse Sérénissime ne s'ennuie pas; une bonne résolution de Vôtre part nous rendras tous heureux.

On parle toujours de guerre, on La Craint, mais personne autant que moi, vous en s'avez bien la raison. Rassuré moi Mon Cher Prince, Ecrivez moi je vous Conjure, le plus souvent qu'il vous sera possible, et sur tout que vôtre santé Continüe à être bonne, c'est ce qui m'interresse le plus; j'aurois bien voulû être de cette chasse du Dain dans Vôtre parc, vous en êtes bien sûr. Ici nous vous ofrirons de pêchez sur nôtre Lac, enfin nous tâcherons de prévenir vos désirs dans toutes Choses,

Mon mari et mes filles prient Vôtre Altesse Sérénissime de reçevoir leurs profond respects, et moi tous les sentimens tendres et respectueux avec lesquels je suis,

Monseigneur

De Vôtre Altesse Sérénissime

La trés humble et trés obeissante servante

Gallatin née Vaudenet