1772-02-07, de Louise Suzanne Gallatin à Frederick II, landgrave of Hesse-Cassel.

Monseigneur,

… Mr le Professeur Mallet doit être arrivé auprès de vôtre Altesse Sérénissime.
Je reïtère Monseigneur mes remerçiemens sur la place que vous avez eû la bonté de lui donner. J’espère qu’il s’en rendra digne, et que vous n’aurez pas de reproches à me faire, ce qui seroit une grande afliction pour moi. Faites moi la grâce Monseigneur de m’écrire si vous en êtes Content, je vous en aurois baucoup d’obligation. Il doit remêtre à Vôtre Altesse Sérénissime une brochure qui n’a pas vû le jour, de nôtre ami.

A propos de nôtre ami il est extrêmement enchanté d’un mariage qu’il vient de faire, c’est le mari de sa nièce cadette qui est morte il y a quelques mois, qui ne demeuroit pas à Fernex (c’est l’ainé qui est avec lui depuis longtems et que vous Connoissez), il marie donc son neveu par alliance marquis de Florian, à une dame genevoise qui est grande amie de mes filles, et qui à été séparée de son Premier mari par un Divorce, sans qu’il y eût rien de désonette pour la dame. Nôtre ami a demandé des dispenses à L’Evêque de son diocèse qui les a refusée. Il a Ecrit à Rome à mr le Cardinal de Berny, et entrautre il lui mande qu’il le suplie de lui envoyer des dispenses, parce qu’il faut qu’il garde à vüe deux jeunes gens dont l’un à 57 ans et L’autre 37, que lui Vol. les vielles jours et nuit &c. Nos ministres ne sont point satisfait de se mariage, cependant Le uns l’aprouvent et non les autres, c’est actuëllement La nouvelle du jour.

Nôtre ami Espère que Monseigneur Le Landgrave ne le L’aissera pas mourir sans lui donner la satisfaction de le voir. Nous vous suplions tous deux Monseigneur de nous accorder cette grâce. Le voyage ne peut que faire du bien à Vôtre Altesse Sérénissime. Il y a si longtems que nous espérons ce bonheur que j’espère que nous en jouirons cette année, amen.

Mon mari et mes filles Prient Vôtre Altesse Sérénissime de Recevoir leurs profond respects. Ce premier est mieux, aprés avoir été enfermé 9 semaines dans sa chambre d’où je ne suis pas sortie.

S’il y a des fêtes au mariage de Ferney quand il y aura des Dispense Magdelon en sera. Quoi que je ne Crois pas qu’il y en ay, nôtre ami restant dans son lit tout le jour jusqu’à neufs heure du soir qu’il se lève, jusqu à onze, d’ailleur il est très bien, c’est pour Eviter les airs, il croit que cela lui Convient mieux à son âge. J’irois àprésent que mon mari est mieux incessamment, jugez mon Cher Prince si nous parlerons de Vôtre Altesse Sérénissime, vous n’en doutez pas de mêmes que des tendres sentimens et du profond respect avec lequel je suis

Monseigneur

De Vôtre Altesse Sérénissime

La trés humble et trés obéissante servante

Gallatin née Vaudenet