1764-10-04, de Antoine Adam à Jean Pierre Biord, évêque de Genève-Annecy.

Monseigneur,

Ce n'estoit point par lettre, mais en personne, que je voulois rendre mes hommages à Vostre Grandeur.
J'en ai été empéché par quelques indispositions, et par un voyage que m'avoit proposé depuis long-tems Monseigneur L'Evesque De Belley, qui m'honore de ses bontez et de son amitié. J'ay eû l'honneur de L'accompagner dans une assez longue route. Nous voicy enfin arrivez en Bourgogne, d'où nous ne partirons que vers la Toussaint, Luy pour Paris, et moy pour le paÿs de Gex. Les charmes de sa présence, et de sa conversation ne m'ont pas fait oublier un instant mes devoirs envers Vostre grandeur. Mon empressement à m'en acquitter ne peut plus souffrir de délai. Agréez, Monseigneur, que je fasse éclatter à vos yeux ma joye vive et sincère, et que je vous félicite sur la justice, qu'on Vous a renduë; j'ay bien lieu de me féliciter moy mesme de ce que La Providence m'oblige de vivre à Fernex sous la conduite D'un prélat, dont le zèle et la piété sont réglez par la sagesse et par la science. J'ay déjà éprouvé vos bontez, il y a prés de trois ans. J'ose prier Vostre Grandeur de m'en accorder La continuation. Témoin de vos travaux et de vos succez, que je serois heureux de pouvoir y contribuër de mon repos, et de ma vie mesme! Dans Le désir Le plus ardent de seconder vos desseins, et de consacrer mes derniers jours à L'utilité du prochain, toute mon ambition est que Vostre grandeur veuille agréer mes services. Les parlements m'ont ravi mes pères, et mes directeurs. Daignez m'en servir par charité. Vostre Grandeur trouvera toujours dans moy Les sentiments, qui répondent à L'un et à L'autre titre. Vos moindres volontez seront des loix, auxquelles je me ferai un plaisir de me conformer dans toutes les circonstances avec une soumission et avec une exactitude égale au respect profond, avec Le quel j'ay l'honneur d'estre

Monseigneur

De Vostre Grandeur

Le trés humble et trés obéïssant serviteur

Adam