1770-03-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à François de Caire.

Je vous prie, Monsieur, très instamment de ne point mander dans ce moment cy à M: le Duc de Choiseul que les émigrans ont besoin d'argent.
Ce serait décrier la colonie, qu'il faut présenter sous une face plus riante. Les émigrans ne paraîtraient que des gueux chassés de leur république qui viennent demander l'aumône.

Cramer est député du conseil auprès de m. Le Duc de Choiseul, et compte les faire passer pour des gredins séditieux qui n'ont ni feu ni lieu. La démarche que nous ferions pour favoriser les ouvriers en montres sortis de Genêve, ne servirait qu'à les décrier et à les perdre. Le tems où le controlleur général saisit l'argent des particuliers en France, n'est pas le tems pour demander de l'argent pour des étrangers. Il faut attendre. On poura trouver des secours et j'ai une idée que j'aurai l'honneur de vous communiquer.

On ne peut vous être plus tendrement attaché que le malade

V.