Paris 15 xbre 1774
J'ai rendu compte Monsieur, à M. le Controlleur général de la demande des habitans de Ferney et de Versoy qui désirent obtenir la permission de travailler l'or et l'argent au même titre que Geneve; Les principes de ce Ministre le conduiront toujours à favoriser l'industrie et la liberté, mais il pense que cette liberté doit être générale, et qu'il seroit difficile et même injuste d'accorder à une Province un privilège qui seroit refusé aux autres, et dans cette vue il est plus disposé à donner une loi générale pour permettre de travailler l'or à 18 Karats, et l'argent à 10: deniers, que de donner un privilège particulier aux habitans de Ferney et de Versoy; Les ouvriers de ces deux villes ne souffrent aucun préjudice des délais qui peuvent être encore apportés à la publication de cette loi, Leurs montres entrent comme ouvrages étrangers et sont marqués du poinçon étranger; cet arrangement produit pour eux l'effet d'une permission, et rien n'arrête les progrès d'une industrie que vous avés fait naitre et encouragée par vos bienfaits.
C'est avec plaisir que je reverrois le hameau que vous avés changé en ville; J'en aurois plus encore à revoir le Patriarche des gens de lettres, qui à toutes les couronnes littéraires qui ceignent sa tête mérite de joindre tant de Couronnes civiques en peuplant les lieux qu'il habite de citoyens enrichis par ses bienfaits: je croirai m'associer un peu à vôtre gloire si je puis être assés heureux pour faire rendre une loi qui fixe dans vôtre ville l'industrie que vous y avés attirée.
J'ai l'honneur d'être avec un respectueux attachement Monsieur, Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Farges