1771-01-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Claude Marin.

Si j’avais accès auprès de mr le chancelier comme vous, je voudrais mon cher correspondant savoir s’il est bien vrai que les pauvres gens de province ne seront plus obligés d’aller plaider à 150 lieues de chez eux; si on prépare un nouveau code dont nous avons tant de besoin il faudra en même temps préparer une couronne civique pour mr le chancelier.

Je ne reviens point de l’insolence de ce petit Clement qui décide à tort et à travers, et qui s’associe avec le Brun pour louer le Brun aux dépens de mr de Lisle. Il est vrai que s’il n’est coupable que d’être un fat cela ne méritait pas la prison.

Croyez vous que nous aurons un ministre des affaires étrangères? nommet-on mr d’Aiguillon? On peut être très entaché dans le parlement et très bien servir le roi. Mais le grand point est qu’on se réjouisse à Paris. Je dis toujours, o Welches, ayez du plaisir et tout ira bien. Mais pour avoir du plaisir il faut de l’argent et on dit que mr l’abbé Terray n’en donne guère.