27e fév: 1771
Mon cher deffenseur des droits de l’humanité, je doute que votre affaire soit sitôt jugée.
On dit que Mr le chancelier prépare un nouveau code dont nous avons grand besoin. Mr Cherri devrait bien l’engager à mettre dans son corps de loix quelque règlement en faveur des hommes libres que des chanoines veulent rendre esclaves.
Il doit savoir s’il est vrai qu’on va resserrer la jurisdiction de Paris dans des limites plus étroites, et qu’on ne sera plus forcé d’aller se ruiner à Paris en dernier ressort à cent cinquante lieues de chez soy. C’est le plus grand service que M. le chancelier puisse rendre à la France. Son nom sera béni.
Voicy une autre affaire qui vous regarde. On a répandu le bruit que les habitans de Moret ont offert quelques louis d’or à un officier pour obtenir que le chemin projeté de Versoy à la franche Comté ne passât point par leur village. Vous ne m’avez jamais dit un mot sur cette affaire qui me parait absurde. Ces gens là au contraire auraient dû supplier que le chemin passât chez eux. Il est important que vous me mandiez ce que vous en pouvez savoir. Je vous embrasse bien tendrement mon cher philosophe.
V.