1769-09-29, de Joseph Audra à Voltaire [François Marie Arouet].

Vous concevez mon vénérable patriarche, quelle a été ma joie en lisant votre lettre.
Je puis donc me flatter de vous embrasser à Toulouse. Vous y vivrez en solitaire respecté de tous. Vous y connaîtrez combien est grand le nombre de vos admirateurs et vous achèverez de faire triompher la philosophie dont les partisans augmentent chaque jour.

Sirven a très bien répondu dans ses interrogatoires2, il est très content de son juge, et son affaire continue à suivre la tournure qu'elle doit avoir…. J'ai écrit à mr Lacroix que vous nous promettiez de venir ici. Vous comprenez de quel nouveau zèle il sera animé. Il est parti avec tous les matériaux nécessaires pour faire son mémoire. J'ose vous promettre qu'il sera digne de courir la France et que le triomphe de Sirven et le vôtre sera complet.

Mr Le premier président est très flatté de l'Espérance que vous donnez de venir à Toulouse; il en a marqué beaucoup de joie et il a ajouté que sa fille en tournera la tête. C'est une jeune personne de 13 ou 14 ans, qui a tout l'esprit possible et un grand nombre de connaissances et de talents.

M. Dalquier et tous ses confrères dans la direction du spectacle vous attendent comme leur maître et leur protecteur; vous recevrez au premier courier une lettre en leur nom et m. d'Alquier vous offrira de se charger de tous les soins nécessaires pour que vous soyez agréablement logé.

Je me flatte que vous répandrez votre bénédiction sur l'histoire générale à l'usage des collèges. J'ai changé fort peu de chose à l'histoire gele à l'usage des sages. Ceux qui liront la 1ere seront bien près de goûter la seconde. Je suis bien sensible au présent que vous voulez me faire de la nouvelle édition; souffrez que je vous remercie de cette bonté et de tant d'autres. Je ne les oublierai jamais. Souvenez vous, mon vénérable maître, que 20 hivers à Toulouse sont moins rigoureux qu'un seul hiver à Ferney.