1768-11-02, de Joseph Audra à Voltaire [François Marie Arouet].

 . . . Jugez, mon vénérable patriarche, de l'honneur que je me suis fait en leur faisant lire les brochures et autres ouvrages dont vous m'avez fait présent.
Vous avez ici un grand nombre de disciples et d'admirateurs malgré l'extérieur de la superstition qui déshonore cette ville, et qui la fait ressembler à une ville espagnole. Je connais actuellement assez Toulouse pour vous assurer qu'il n'est peutêtre aucune ville du royaume où il y ait autant de gens éclairés. Il est vrai qu'il s'y trouve plus qu'ailleurs des hommes durs et opiniâtres, incapables de se prêter un seul moment à la raison; mais leur nombre diminue chaque jour, et non seulement toute la jeunesse du parlement, mais une grande partie du centre et plusieurs hommes de la tête vous sont entièrement dévoués. Vous ne sauriez croire combien tout à changé depuis la malheureuse avanture de Calas. On va jusqu'à se reprocher le jugement rendu contre Mr Rochette et les trois gentilshommes; on regarde le premier comme injuste et le second comme trop sévère.

 . . .J'ai reçu il y a peu de jours des nouvelles du docteur Swift. Nous sommes lui et moi vos disciples les plus zêlés et vos admirateurs les plus touchés des services que vous rendez à l'humanité.