22e auguste 1767
Je reçois mon cher ami, vôtre Lettre du 7e auguste, car aoust est trop welche. Vous avez dû recevoir la mienne dans laquelle je vous disais que nôtre Impératrice, nôtre héroïne de Scythie avait traduit le 15e chapître. On m'assure dans le moment qu'il est traduit en italien et dédié á un cardinal, c'est de quoi il faut s'informer, mais ce qu'il faut surtout souhaitter, c'est que la Sorbonne le condamne. Elle sera couverte d'un ridicule et d'un oprobre éternel; elle sera précisément au niveau de Fréron.
Je vous recommande Laharpe quand je ne serai plus. Il sera un des piliers de nôtre église; il faudra le faire de l'académie. Après avoir eu tant de prix il est bien juste qu'il en donne.
Aureste souvenez vous que s'il y a dans l'Europe des princes et des ministres qui pensent, ce n'est guères qu'en France qu'on peut trouver les agréments de la société. Les Français persécutés et chargés de chaînes dansent très joliment avec leurs fers quand le géolier n'est pas là. Nous avons eu des fêtes charmantes à Ferney. Made Delaharpe a joué comme Mlle Clairon, mr Delaharpe comme Le Kain, mr De Chabanon infiniment mieux que Molé. Celà console.
Passerez vous vôtre hiver à Aix la chapelle? En ce cas, mandez moi comment on pourait faire pour vous envoier un petit paquet sous l'envelope de made Filleul.
Adieu mon cher confrère. Je n'écris point de ma main, je suis aveugle comme vôtre Bélizaire, je récite son credo, mais je ne le commente pas si bien que lui.
V.