1767-05-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Je vois bien, Monsieur, par vôtre Lettre du 9e May que ce pauvre homme qui fut cuit à Valadolid n'a pu arriver à Paris dans vôtre hôtel.
Mr Boursier vôtre ami, m'a promis qu'il tenterait de vous faire tenir ce magot par une autre voie. Ce pauvre Boursier est bien embarassé. Je ne crois pas qu'il aille sur la Saone; il prendra patience; on dit que c'est la vertu des ânes, mais il faut que chacun porte son bât dans ce monde.

Je vous demande en grâce de m'envoier le petit libelle sorbonique contre Bélizaire. Il y a cent lieues et cent siècles des honnêtes gens d'aujourd'hui à la Sorbonne. J'ai toujours fait une prière à Dieu, qui est fort courte. La voicy: Mon Dieu, rendez nos ennemis bien ridicules! Dieu m'a exaucé.

Je vous embrasse tendrement; tantôt je pleure, tantôt je ris.