21e Mars 1767
Mr Boursier, mon cher ami, vient d'adresser à Mr De Courteilles l'ouvrage de mathématique pour vôtre ami.
On m'a envoié de province une espèce de dialogue entre l'auteur de Bélizaire et un moine. L'auteur a trouvé dans st Paul qu'il ne faut pas damner Marc-Aurele. Il pourait faire rougir la Sorbonne si les corps rougissaient. Vous aurez bientôt une Lettre ostensible sur les Sirven, qui peut être sera imprimable, suposé qu'il soit permis d'imprimer des choses utiles.
Je vous prie de ne point dégoûter les comédiens de donner quelques représentations des Scythes avant Pâques. La pièce est réimprimée, elle court déjà les provinces; il n'y a pas un moment de temps à perdre.
Je ne sçais comment les paquets que vous m'avez adressés me parviendront. Il n'y a plus de voitures de Lyon à Genêve, et malgré toutes les bontés de Mr Le Duc De Choiseul, nous serons dans l'état le plus gênant et le plus désagréable, jusqu'à ce que l‘on ait fait un nouveau chemin.
L'avanture de Made Le Jeune a du moins produit un grand bien. On lui a saisi deux cent éxemplaires du dernier livre de feu mr Boulanger. Je viens de lire ce livre abominable pour la troisième fois; je sens combien il est dangereux, il détruirait absolument le pouvoir des écclésiastiques avec tous les mystères de nôtre sainte religion. L'auteur ne veut que de la vertu et de la probité qui sont si malaisées à rencontrer et qui ne suffisent pas. Je vous embrasse. E: L: