4 auguste 1766
J'ai communiqué à votre ami votre lettre du 28.
Je vous ai écrit par nos correspondants de Lyon. Nous attendons, monsieur, des lettres d'Allemagne pour l'établissement en question. Je suis toujours très persuadé que votre ami de Paris y trouverait un grand avantage. Il n'y a peut-être que la mauvaise santé de mon correspondant de Suisse qui pût déranger ce projet; mais si la chose était une fois en train ni ses maladies ni sa mort ne pourraient empêcher l'établissement de subsister. Il ne s'agit que de se rassembler sept ou huit bons ouvriers dans des genres différents, ce qui ne serait point du tout malaisé.
Le seigneur allemand à qui on s'était adressé, a eu la petite indiscrétion d'en dire quelque chose à un jeune homme qui peut l'avoir mandé à Paris. On n'était point encore entré avec lui dans les détails. On ne lui avait point recommandé le secret; on a tout lieu d'espérer qu'étant actuellement mieux instruit cette petite affaire pourra se conclure avec la plus grande discrétion.
On soutient toujours à Hornoi que tout ce qu'on a dit du sieur Belleval est la pure vérité. Ces anecdotes peuvent très bien s'accorder avec les autres, elles servent à redoubler l'horreur et l'atrocité de cette affaire qui est peut-être entièrement oubliée dans Paris; car on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite et qu'on l'oublie de même.
Nous doutons fort que le Dictionnaire des sciences et des arts soit donné de longtemps aux souscripteurs de Paris. Mais quoi qu'il en soit le projet de réduire cet ouvrage et de l'imprimer en pays étranger, est extrêmement approuvé. Plût à dieu que je visse le commencement de cette entreprise! Je mourrais content dans l'espérance que le public en verrait la fin.
On dit qu'on fait des recherches chez tous les libraires dans les provinces de France. On a déjà mis en prison à Besançon un libraire nommé Fantet. Nous ne savons pas encore de quoi il est question.
Toute notre famille vous fait les plus tendres compliments. Nous espérons recevoir de vous incessamment le mémoire en faveur du Breton et ensuite du Languedochien.
Adieu, m., on vous aime bien tendremt.
Boursier et compie
On me recommanda, ces jours passés, une lettre pour un notaire; en voici une autre qu'on m'adresse pour un procureur: l'amitié ne rougit point de ces petits détails.