25 mai 1773
Lorsque vous êtes venu à Ferney, monsieur, vous avez pu voir les maisons que je fais bâtir pour ma colonie et vous avez pu vous douter des dépenses énormes auxquelles cet établissement m’engage.
Vous savez que malgré ces frais continuels je me suis défait entre vos mains de tout l’argent comptant qui me restait; je n’ai en vue que l’envie de marquer mon zèle à monseigneur le duc de Wirtemberg. J’ai prêté mon bien uniquement pour vous épargner la perte considérable que vous auriez faite en empruntant à Genève. J’ai compté sur votre parole d’honneur que je serais remboursé exactement, vous mavez promis que le sieur Rozé me ferait tenir dans les premiers jours de mai dix mille cinq cents livres, cependant je n’entends point parler de lui. Le sieur Messier m’a envoyé encore des lettres de change qui souffrent des retardements, je suis pressé de tous côtés, il faut que je paye mes ouvriers tous les huit jours sans aucun délai. J’attends l’effet de vos promesses, j’ai tout fait pour vous obliger, et j’espère que je ne m’en repentirai pas. J’ai l’honneur, etc.
Voltaire