29 8bre 1766
Point de nouvelles de Meyrin, mon cher ami; mais j'en ai du moins reçu du prophète Elie.
Il dit qu'il a fini à la fin son factum pour les Sirven, qu'à son retour à Paris il va le faire signer par des avocats et le faire imprimer. Dieu le veuille! Je vois qu'il est occupé d'affaires intéressantes et épineuses. Son procés devenu personnel contre madame de Roncherolles, son autre procès pour les biens que réclame madame sa femme, me font une extrême peine. Mais enfin nous avons entrepris l'affaire des Sirven, il faut en venir à bout. Nous aurons gagné notre procès si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l'humanité à des cœurs barbares qui ne les ont point connues.
Mandez moi ce qu'on pense du procès de l'ingratitude contre la bienfaisance. Ce charlatan de Jean Jaques n'est il pas le mépris de tous ceux qui ont le sens commun, et l'exécration de ceux qui ont un cœur? Mes deux conseillers sont partis; mais l'un s'en va à sa terre d'Hornoi, l'autre à son abbaye. J'espère que vous les verrez cet hiver. Puisque je ne jouis pas de la consolation de votre société, il faut au moins que ma famille en jouisse.
Informez vous je vous prie de ce qu'est devenu le paquet de Meyrin. Ne l'aurait on pas fait partir par les rouliers, au lieu de le mettre à la diligence? Délivrez moi de cette inquiétude.
On annonce un livre qui me tente; il est intitulé Recherches des découvertes attribuées aux modernes. Envoyez le moi, je vous prie, s'il en vaut la peine.
Voulez vous bien faire dire à Merlin qu'il se prépare à payer au commencement de l'année prochaine les mille livres qu'il doit à son correspondant de Geneve? Ces mille livres appartiennent au sieur Wagniere. Merlin en devait payer cinq cents au mois de juin passé. J'en ai le billet; je le chercherai quand je me porterai mieux, et je vous l'enverrai.
Bonsoir, mon cher ami; voici une lettre que je vous prie de faire remettre chez m. Elie de Beaumont.
Renvoyez moi donc les lettres de Jean Jaques.