1766-06-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Baron Friedrich Melchior von Grimm.

Je demande une grâce à mon cher prophète, c'est de vouloir bien me donner les noms et les adresses des personnes raisonnables et respectables d'Allemagne qui ont exercé leur générosité envers les Calas et qui pourraient répandre sur les Sirven quelques gouttes du baume qu'ils ont versé sur les blessures des innocents infortunés.
J'attends de jour en jour un factum de m. de Beaumont en faveur de la famille Sirven. Je ne sais s'il obtiendra justice pour elle; mais je suis très sûr qu'il démontrera son innocence. C'est le public que je prends toujours pour juge. Il se trompe quelquefois au théâtre et ce n'est que pour un temps; mais dans les affaires qui intéressent la société, il prend toujours le bon parti. Deux parricides imputés coup sur coup pour cause de religion sont à mon avis un objet bien intéressant et bien digne de notre philosophie. Mes tendres respects à ma philosophe.