4 juillet 1766
C'est un grand hasard, mon cher frère, quand je peux écrire un mot de ma main.
J'ai plus de plaisir à vous écrire mes pensées qu'à les dicter; il me semble qu'alors le commerce en est plus intime. Je vous recommande plus que jamais la cause de ces infortunés Sirven qui ont le malheur d'être venus trop tard pour exciter le zèle du public, mais qui enfin seront secourus et justifiés. Nous voici dans ce mois de juillet où vous m'avez fait espérer le mémoire du prophète Elie. Il n'a point à travailler à présent au triste procès de m. de la Luzerne. C'est une affaire d'enquête et d'interrogatoire: du moins on m'a dit qu'à présent le ministère d'un avocat était inutile. Si cela est vrai je vous conjure de plaider la cause de Sirven devant Elie.
Je vous prie d'envoyer à Frère Grimm ce petit billet.
Je vous déjà dit que j'avais vu frère Bergier et plusieurs autres frères. La paix soit sur eux! Avez vous la préface du roi de Prusse? C'est dommage qu'il débute par la plus lourde bévue.
L'enchanteur Merlin peut il corriger la sienne? Cet enchanteur n'entend pas le latin.
Je vous prie, mon cher frère, de pardonner à un vieux malade s'il n'écrit ni plus ni mieux.