7 9bre 1766
Pas la moindre nouvelle de Meyrin, mon cher ami, et la tête me tourne.
Nous avons ici les lettres originales de Jean Jaques écrites de sa main. M. l'ambassadeur me les a fait voir. Le secrétaire d'ambassade n'y parle que des coups de bâton que m. le comte de Montaigu voulut lui faire donner. M. du Theil ne répondit point à ses lettres et lui donna l'aumône. Ce secrétaire d'ambassade, ce grand ministre était copiste chez m. le comte de Montaigu à 200lt de gages. Voilà un plaisant philosophe! Diderot lui ecrira-t-il encore, ô Rousseau! dans le dictionnaire encyclopédique? Les enfants crient en Angleterre, ô Rousseau! mais dans un sens différent.
Au nom de dieu songez à votre paquet, et dites moi ce que vous pensez de madelle Durancy.
P.S. Consolons nous, consolons nous, le paquet est arrivé. On avait oublié de le mettre à Meyrin, on l'a porté à Geneve où il était resté. Il m'arrive. L'adresse était à Geneve' voilà la source de tout le malentendu et d'un si long délai.
Le pauvre Boursier a versé des larmes en lisant la lettre de votre ami. Pour lui il a fait son marché, il est prêt à partir à la première occasion. Il dit qu'il mourra avec le regret de n'avoir point vu l'homme du monde qu'il vénère le plus. Il fera toutes vos commissions exactement et sans délai.
Mon cher ami, je n'ai pu lire votre lettre sans des transports de tendresse et d'horreur.
Comment vouliez vous que je visse votre jeune joueur de clavecin? Made Denis était malade. Il y a plus de six semaines que je suis au lit. Ah, nous sommes bien loin de donner des fêtes! Quand revient le défenseur des Calas et des Sirven? Il est indispensable qu'il donne son mémoire au plus vite.
Je vous serre entre mes bras malades. Embrassez pour moi vos amis.