1766-05-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

C'est pour vous dire, mon cher ami, que m. Boursier vous a envoyé sous l'enveloppe de m. de Courteilles, la défense de l'illustre de Thou, contre les accusations du sieur de Bury.

Je soupçonne que le manuscrit est plein de fautes; mais la faiblesse de mes yeux et mon état un peu languissant ne m'ont pas permis de le corriger. Je pense que vous trouverez dans cet écrit des anecdotes curieuses et instructives. Si votre Merlin ne peut l'imprimer vous pourriez la faire parvenir au journal encyclopédique en l'envoyant contre-signée à un m. Rousseau, auteur de ce journal, à Bouillon.

Ce Bury mérite assurément quelque petite correction pour avoir traité un excellent historien, un digne magistrat, et un très bon citoyen, de pédant et de médisant satirique.

Vous recevrez probablement la semaine prochaine le buste d'ivoire. Il est à la diligence de Lyon à votre adresse comme je vous l'ai déjà mandé.

Vous avez sans doute reçu ma petite lettre pour Dumolard, et une autre pour mon cher Beaumont. Est il vrai que les capucins ont assassiné leur gardien à Paris? Pourquoi, lorsqu'on a chassé les jésuites, conserve-t-on des capucins? Pourquoi ne les avoir pas fait tirer à la milice au lieu des enfants des avocats?

On prétend que l'assemblée du clergé sera longue. J'en suis fâché pour les évêques qui auront le malheur d'être séparés de leur troupeau et de ne pouvoir instruire et édifier leurs diocésains. Ils aiment trop leurs devoirs pour ne pas finir leurs affaires le plus tôt qu'ils pourront.

Je n'ai encore nulle nouvelle des factums qui doivent m'arriver ni de l'ouvrage de Freret. J'attends de vous toutes mes consolations.

Adieu, mon cher frère.