1766-12-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mon cher Wagnière a prêté cinquante louis, qui font toute sa fortune, à un correspondant de l'enchanteur Merlin, qui lui a donné deux billet de Merlin, de vingt-cinq louis chacun; le premier payable au mois de juillet de cette année, et le second au mois de janvier 1767.
Je vous prie très instamment de préparer Merlin à payer cette dette sans aucune difficulté. Il serait triste que Wagnière eût à se repentir d'avoir fait plaisir. Je sais que Merlin doit de l'argent aux Cramer; mais Wagnière doit passer devant tout le monde. Vous ne reconnaissez point sa main dans cette lettre que je dicte, il est actuellement occupé à transcrire la tragédie, que l'on doit vous montrer. M. d'Argental n'en a qu'une copie très conforme et très barbouillée; je l'ai prié de la jeter dans le feu, en attendant la véritable.

Je vous ai mandé, je crois, que j'avais écrit à m. de Courteilles.

La petite affaire de m. de Lamberta avec m. Boursier est en train: on fera une partie de ce qu'il désire, c'est à dire qu'on exécutera ses ordres, et qu'on ne lui donnera point d'argent. En attendant, je vous prie de lui avancer les cent écus dont vous serez remboursé.