1766-01-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

J'ai vu ce buste d'ivoire, mon cher ami, le buste est long et les bras sont coupés.
Il y a une draperie à l'antique sur un justaucorps. On a coiffé le visage d'une perruque à trois marteaux, et par dessus la perruque d'un bonnet qui a l'air d'un casque de dragon. Cela est tout à fait dans le grand goût et dans le costume. J'espère que ces pauvres sauvages étant conduits, feront quelque chose de plus honnête.

Il y a un polisson de libraire à Paris, nommé Guislin, qui demeure quai des Augustines; je vous supplie de vouloir bien ordonner à Merlin de fournir un des six exemplaires complets à ce Guislin, en y fourrant Jeanne d'Arc, que Pankoucke doit fournir. Voici un petit mémorandum pour ce Guislin, que votre protégé Merlin lui donnera.

J'ai une cruelle fluxion de poitrine. Je ne peux ni parler, ni dormir, ni dicter, ni voir, ni entendre. Voilà un plaisant buste à sculpter! Portez vous bien, mon cher frère, et soit que je vive, soit que je meure, écraser l'infâme.