17 mai 1766
Vous verrez, mon cher ami, par la lettre ci-jointe que tous les souscripteurs ne pensent pas aussi noblement que vous et qu'il y a quelquefois plus de générosité chez les Français que chez les Anglais.
Je soupire depuis longtemps après les mémoires de ce pauvre Lally, et de messieurs Daché d'Arché et de Bussy. Je connaissais Lally pour un homme absurde, violent, intéressé, capable de piller et d'abuser du commandement; mais je serai bien étonné s'il avait été un traître.
Je n'entends plus parler de Fréret qu'on disait imprimé en Hollande; vous me l'aviez promis, vous me l'aviez annoncé. Je suis abandonné de tous les côtés. La maladie de m. de Beaumont et ses affaires retardent le mémoire de Sirven, et j'ai bien peur que tant de délais ne soient funestes à cette famille infortunée. Cette affaire ranimait ma langueur dans les maladies qui accablent ma vieillesse. Je trouve que le plaisir de secourir les hommes est la seule ressource d'un vieillard.
Je viens de lire une histoire de Henri 4 qui m'ennuie et qui m'indigne. Qui est dont ce m. de Buri qui compare Henri 4 à ce fripon de Philippe de Macedoine, et qui ose dire que notre illustre de Thou n'est qu'un pédant satirique? Est ce qu'on ne fera point justice de cet impertinent? Mais il y a tant d'autres mauvais livres dont il faudrait fire justice!
Portez vous mieux que moi, mon cher ami. Ecr. l'inf.