8 auguste 1767
Je vous ai obligation, mon cher ami, de m'avoir fait connaître jusqu'où un Cogé pouvait porter l'insolence. M. Capperonnier vient de m'écrire une lettre dans laquelle il donne un démenti formel à ce maraud.
Il est bon de répandre parmi les sages et les gens de bien la turpitude des méchants. Cette turpitude est bien punissable; il n'est pas permis de prendre le nom de dieu en vain. Je vous l'avais bien dit qu'il fallait passer sa vie à combattre. Un homme de lettres, pour peu qu'il ait de réputation, est un Hercule qui combat des hydres. Prêtez moi votre massue: j'ai plus de courage que de force. Si j'avais de la santé, tous ces drôles là verraient beau jeu.
Je voudrais bien voir le factum de l'adverse partie de Beaumont. J'ai lu le plaidoyer de Loiseau contre Berne par devant l'Europe. Le cas est singulier. Ce Loiseau veut se faire de la réputation à quelque prix que ce soit; mais je crois qu'on s'intéressera fort peu à cette affaire dans Paris.
M. le prince Gatitzin me mande que le livre intitulé: L'ordre essentiel et naturel des sociétés politiques est fort au dessus de Montesquieu. N'est ce pas le livre que vous m'avez dit ne rien valoir du tout? Le titre m'en déplaît fort. Il y a longtemps qu'on ne m'a envoyé de bons livres de Paris.
Que ne puis je causer avec vous?