9 8bre 1767
Mon cher ami, je n'ai point encore de nouvelles de Marmontel.
Je m'imagine qu'il est occupé de son triomphe; mais le pauvre Bret, son approbateur, reste toujours interdit. On commença donc par en croire les Riballier et les Cogé et on finit par bafouer la Sorbonne et les marauds du collège Mazarin, sans pourtant rendre justice ni à m. Marmontel ni à l'approbateur. Ainsi les gens de lettres sont toujours écrasés, soit qu'ils aient tort soit qu'ils aient raison. Tachez de faire courir la lettre à Cogé et de lui en faire tenir des premiers.
Mandez moi des nouvelles de Charlot, et, surtoit songez bien que ce n'est pas moi qui ai donné Charlot à l'enchanteur Merlin; la Sorbonne ne manquerait pas de dire que Charlot est déiste.
Va-t-on entamer l'affaire des Sirven à Fontainebleau? puis je en être sûr? Car je ne voudrais pas fatiguer monsieur Chardon d'une lettre inutile. Ma santé va toujours en empirant et je suis bien inquiet de la vôtre.
Adieu, mon cher ami, nous savons tous deux combien la vie est peu de chose, et combien les hommes sont méchants.
Voulez vous bien avoir la bonté d'envoyer ce paquet à m. Delaleu, et cet autre à m. Pinon Ducoudrai?