28 7bre 1767
Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 21.
Je vous assure que vous m'aviez donné bien des inquiétudes. Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu. Vous ne me disiez pas que m. et madame de Beaumont avaient gagné pleinement leur cause. Il est juste après tout que le défenseur des Calas et des Sirven prospère. Je me flatte que le procès des Sirven sera rapporté.
J'ai lu les Pièces relatives. Les Riballier et les Cogé devraient mourir de honte s'ils n'avaient pas toute honte bue.
Je ne sais qui m'a envoyé le tableau philosophique du genre humain depuis le commencemt du monde jusqu'à Constantin. Je crois en deviner l'auteur; mais je me donnerai bien de garde de le nommer jamais. Je suis fâché de voir qu'un homme si respectueux envers la divinité et qui étale partout des sentiments si vertueux et si honnêtes, attaque si cruellement les mystères sacrés de la religion chrétienne. Mais il est à craindre que les Riballier et les Cogé ne lui fassent plus de tort par leur conduite infâme, et par toutes leurs calomnies, qu'elle ne peut recevoir d'atteintes des Bolingbrocke, des Wolston, des Spinosa, des Boulainvilliers, des Maillet, des Mêlier, des Freret, des Boulanger, des Lamettrie &a.
Je présume que vous avez reçu actuellement le brimborionque je vous ai envoye pour l'enchanteur Merlin. Je lui donne cette pièce que j'ai brochée en cinq jours, à condition qu'il n'aura nul privilège. Je n'ai pas osé faire paraître Henri 4 dans la pièce; elle n'en a pas moins fait plaisir à tous nos officiers et à tout notre petit pays à qui la mémoire de Henri 4 est si chère.
Songez à votre santé, la mienne est déplorable.