4 8bre 1767
Mon cher ami, tandis que vous imprimez l'éloge de Henri 4 sous le nom de Charlot, on l'a rejoué à Ferney, mieux qu'on ne le jouera jamais à la Comédie.
Mde Denis m'a donné en présence du régiment de Conti, et de toute la province, la plus agréable fête que j'aie jamais vue. Les princes en peuvent donner de plus magnifique, mais il n'y a point de souverain qui en puisse donner de plus ingénieuse.
J'attends avec impatience le recueil qui achève d'écraser les pédants de collège. Savez vous bien que l'impudent Cogé a eu l'insolence et la bêtise de m'écrire? J'avais préparé une réponse qu'on trouvait assez plaisante, mais je trouve que ces marauds là ne valent pas la plaisanterie. Il ne faut point railler les scélérats, il faut les pendre. Voici donc la réponse que je juge à propos de faire à ce coquin. Il m'est très important de détromper certaines personnes sur le dictionnaire philosophique que Cogé m'impute. Vous ne savez pas ce qui se passe dans les bureaux des ministres, et même dans le conseil du roi, et je sais ce qui s'y est passé à mon égard.
Je pense que l'enchanteur Merlin peut bien me rendre le service d'imprimer la réponse à Cogé, et vous pourrez la faire circuler pour achever d'anéantir ce misérable.
Je recommande toujours une faible édition de Charlot, afin qu'on puisse corriger dans la seconde ce qui aura paru défectueux dans la 1ère. Il se peut très bien faire que des Welches qui ont applaudi depuis 3 ans à des pièces détestables se révoltent contre celle ci. Il y a plus de goût actuellement en province qu'à Paris, et bientôt il y aura plus de talent. J'ai entre les mains un manuscrit admirable contre le fanatisme, fait par un provincial. J'espère qu'il sera bientôt imprimé.
Je vous supplie mon cher ami de donner à Thiriot les rogatons de vers qui sont dans mon paquet. Cela peut servir à sa correspondance.
Je vous embrasse plus tendrement que jamais.
Je tiens qu'il est très bon qu'on envoie cette lettre à Cogé, à ses écoliers, et aux pêres des écoliers. Il ne s'agit pas ici de divertir le public, et de plaire, il s'agit d'humilier et de punir un maraud impudent.