1767-11-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

J'ai reçu, mon cher ami, les deux actes de Colmar que vous avez eu la bonté de m'adresser.
Ils me seront très utiles dans le délabrement des affaires de m. le duc de Wurtemberg. Personne ne me paye et j'ai depuis six semaines le régiment de Conti auquel il faut faire les honneurs du pays. Je suis plus embarrassé que la Sorbonne ne l'est avec m. de Marmontel.

J'ai fait les petites notes sur Charlot, mais je doute que ces notes passent à la douane des pensées. Je doute aussi beaucoup que Merlin en fasse une seconde édition. Ces bagatelles amusent un moment deux ou trois cents oisifs de la ville et sont ensuite oubliées pour jamais.

Je viens d'apprendre qu'il y a des mémoires imprimés du maréchal de Luxembourg, et je suis honteux de l'avoir ignoré; ils me seront très utiles pour la nouvelle édition que l'on fait du Siècle de Louis XIV, et je vous prie instamment, mon cher ami, de me les faire venir par Briasson ou de quelque autre manière.

Connaîtriez vous un petit écrit sur la population d'une partie de la Normandie et de deux ou trois autres provinces de France? On dit que m. l'intendant de La Michodière a part à cet ouvrage, qui est, dit on, très éxact et très bien fait.

Mandez moi surtout des nouvelles de votre cou, je m'y intéresse plus qu'à tous les dénombrements de la France.