20e fév: 1767, à Ferney
Etes vous actuellement à Paris, mon cher ami?
Je vous écris à l'adresse que vous m'avez donnée. J'ignore l'objet de vos voiages, mais quelqu'il soit je vous en félicite, puisque vous ne les avez entrepris sans doute que pour le service de vôtre aimable Souverain. Le rude hiver que nous avons éssuié a achevé de ruiner mon faible tempéramment. J'éprouve tous les maux de la décrépitude. Consolez moi par le récit de vos plaisirs et par les assurances de vôtre amitié.
Les tracasseries de Genêve ont fait un peu de tort au petit païs que j'habite, mais du moins elles ne nous ôteront pas le bel aspect dont nous commençons à jouïr. Si nôtre climat est cruel l'hiver, il est charmant dans les autres saisons. La jouïssance de la campagne et de la liberté est le plaisir de la vieillesse. L'idée d'être toujours aimé de vous redouble ce plaisir et adoucit tous mes maux.
V.