à Ferney 29e Mars 1769
Je vous adresse, mon cher ami, un Palatin qui est venu graver ma vieille et triste figure dédiée à son Altesse Electorale.
Je crois que c'est un des meilleurs artistes que Monseigneur ait dans ses états.
Savez vous bien que je vous écris à mon dixième accéz de fièvre? Je suis tout étonné d'être en vie. Mais tant que j'y serai soiez sûr que vous aurez en moi un bien véritable ami.
Nous avons icy un printemps qui ressemble au plus cruel hiver. Je crois que le climat de Florence vaut mieux que celui des Alpes et du Rhin. Les archiducs et les cadets de la maison de Bourbon règnent sur des climats chauds; ils sont bien heureux.
Je n'ai pas eu le courage d'éxécuter ce que j'avais toujours projetté, de me retirer dans un coin de l'Italie. Je n'ai jamais vécu que dans des climats qui n'étaient pas faits pour moi. Je vous félicite d'avoir une santé qui vous fait prendre les bords du Rhin pour ceux de l'Arno.
Adieu, mon cher ami, je vous embrasse bien tendrement.
V.