7e février 1767
La cruelle saison que nous éprouvons dans nos climats, Monsieur, m'a réduit à un état qui ne m'a pas permis de répondre aussitôt que je l'aurais voulu à vos judicieuses Lettres.
Je n'ai pu vous remercier de vôtre almanach, ni le lire. Les neiges dans lesquelles je suis enterré, ont attaqué mes yeux plus violemment que jamais. On dit que c'était la maladie de Virgile; je n'ai que celà de commun avec lui. Je n'ai ni son talent, ni la faveur D'Auguste, et je ne crois pas que je soupe jamais avec Mr De Laverdy, comme Virgile avec Mecène.
Je vous enverrai, n'en doutez pas, les Scithes que je vous ai promis, et qui sont à vous. Je suis dans leur païs, et j'attends les dernières résolutions de quelques amis que j'ai encor à Babilone pour savoir si l'impression doit précéder la representation.
J'ai quelque part, il est vrai, aux notes sur le Triumvirat; j'ai pu même prêter quelques vers à l'auteur, mais la pièce n'est point de moi. Le fond est d'un homme qui veut être inconnu, et qui vaut mieux que bien des gens qui cherchent à se faire connaître. Il vous aurait eu beaucoup d'obligation si vous aviez été aussi modeste que lui, et si vous n'aviez pas tiré douze cent éxemplaires d'un ouvrage qui n'en demandait tout au plus que sept cent. Il n'y a certainement pas dans Paris 1200 personnes qui s'intéressent aux affaires de l'ancienne Rome. Celà était bon du temps du Cardinal de Richelieu et du Cardinal de Retz.
Vous me feriez plaisir, Monsieur, de vouloir bien me faire avoir L'histoire d'Italie et de la comtesse Mathilde par mr De st Marc.
On ne peut vous être plus attaché, Monsieur, que v. t. h. o. sr
V.