1767-02-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul.

Monseigneur,

J'ai reçu les deux lettre dont vous m'avés honoré avec un passeport général, mais non pas dans leur temps, parceque vos bontés ne me sont parvenues que par les cascades de la dragonade.

Je vous ai envoyé le discours de Mr de La Harpe qui a remporté le prix à L'accadémie. La justice qu'il vous a rendue a beaucoup contribué à lui faire remporter ce prix. Son ouvrage a été aplaudi de tout le public.

Je ne sais si on vous a envoyé le mémoire cy joint, Permettés moi la liberté de vous les présenter. Comptés qu'il est éxact et fidèle. Il sera bien difficile de vivre doresnavant Dans le paÿs de Gex sans votre protection. Je vous la demande aussi pour les Scithes, je les ai travaillés suivant les judicieuses remarques que vous avés daigné faire. Je n'en ai fait imprimer que quelques éxemplaires pour épargner la peine des copistes; L'édition ne paraitra à Paris que quand vous en sérés content.

Je serais bien flatté si vous pouviés honorer la première répésentation de votre présence. J'ay bien des querelles avec Mr D'Argental pour les Scythes sur le 5e acte, mais je m'en raporte à vous.

Je suis pénétré de vos bontés, elles font ma consolation dans mes misères. Monsieur Le chevalier de Jaucourt ne m'a vu qu'aveugle et malade. J'étais mort, si je m'étais pas égaié aux dépends de Jean Jaques, de la demoiselle le Vasseur, et de Catherine.

Je me mets à vos pieds avec la plus tendre reconnaissance et le plus profond recpect.

Votre pauvre marmotte