26e 7bre 1766 à Ferney
Voicy, Monsieur, où en est l'affaire de cette malheureuse et innocente famille des Sirven.
Il a fallu deux années de soins et de peines réitérées pour rassembler en Languedoc les pièces justificatives. Nous les avons enfin arrachées. Le mémoire de Mr De Beaumont est déjà signé par plusieurs avocats. Nous avons déjà demandé un raporteur. Mr le Duc De Choiseuil nous protège. Il m'écrit ces propres mots de sa main, dans la dernière Lettre dont il m'honore:
‘Le jugement des Calas est un effet de la faiblesse humaine, et n'a fait souffrir qu'une famille, mais la dragonade de mr De Louvois a fait le malheur du siècle.’
Avouez monsieur le curé huguenot, que Monsieur le Duc de Choiseuil est une belle âme, et que ces paroles doivent être gravées en Lettres d'or. Pour celles de Vernet, si on peut les écrire ce n'est qu'avec la matière dont Ezéchiel faisait son déjeûné. Quant à Jean Jaques, il suffit de vous dire qu'il y avait autrefois à Paris un pauvre homme nommé Chiant-pot la perruque, qui se plaignait que la cour et la ville étaient liguées contre lui. Vous devriez bien abandonner vos ouailles quelques moments pour venir converser dans un château où il n'y a pas une ouaille.
V.