1766-09-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Ribote-Charron.

Dieu mercy, Monsieur, les nouvelles qui ont couru n'ont pas le moindre fondement.
Je suis toujours dans ma terre de Ferney où je viens de faire jouer la comédie de Henri 4 par la troupe de Genêve. J'ai été ivre de joie en voiant mon héros sur la scène.

J'ai un autre héros, c'est Mr Le Duc De Choiseuil, le bienfaicteur des Calas. Il veut être celui des Sirven. Voicy les propres mots qu'il m'écrit dans la dernière Lettre dont il m'a honoré de sa main, Le jugement des Calas n'est qu'un éffet de la faiblesse humaine qui n'a fait souffrir qu'une famille; mais la dragonade de mr De Louvois a fait le malheur du siècle. Il me semble que ces paroles doivent être gravées en Lettres d'or dans le Languedoc. On ne peut être plus touché que je le suis, Monsieur, des sentiments que vous voulez bien me témoigner.