1749-08-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Stanislas I, king of Poland.

Sire,

Il faut s'adresser à dieu quand on est en paradis.
Votre majesté m'a permis de venir lui faire ma cour, jusqu'à la fin de l'automne, temps auquel je ne puis me dispenser de prendre congé de v. m. Elle sait que je suis très malade, et que des travaux continuels me retiennent dans mon appartement, autant que mes souffrances. Je suis forcé de supplier votre majesté qu'elle ordonne qu'on daigne avoir pour moi les bontés nécessaires et convenables à la dignité de la maison, dont elle honore les étrangers qui viennent à sa cour. Les rois sont depuis Alexandre en possession de nourrir les gens de lettres, et quand Virgile était chez Auguste, Allyotus, conseiller aulique d'Auguste, faisait donner à Virgile du pain, du vin, et de la chandelle. Je suis malade aujourd'hui, et je n'ai ni pain ni vin pour dîner.

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect,

Sire,

de v. m.

le très humble &c.

V.