1749-08-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Antoine Pierre Alliot.

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien donner des ordres, en vertu desquels je sois traité sur le pied d'étranger; & ne me mettez pas dans la nécessité de vous importuner tous les jours.
Je suis venu ici pour faire ma cour au roi. Ni mon travail, ni ma santé ne me permettent d'aller piquer des tables. Le roi daigne entrer dans mon état: je compte passer ici quelques mois.

Sa majesté sait que le roi de Prusse m'a fait l'honneur de m'écrire quatre lettres, pour m'inviter à aller chez lui. Je puis vous assurer qu'à Berlin je ne suis pas obligé à importuner pour avoir du pain, du vin & de la chandelle. Permettez moi de vous dire qu'il est de la dignité du roi, & de l'honneur de votre administration, de ne pas refuser ces petites attentions à un officier de la cour du roi de France, qui a l'honneur de venir rendre ses respects au roi de Pologne.