à Berlin ce 7 aoust 1750
Monseigneur,
Lors que j'eus l'honneur de vous écrire je jugeay bien que ne je pouvois peutêtre pas être conservé dans la place d'historiografe du Roy.
Je ne demande rien que de possible. Je me flatte que sa majesté daignera considérer que je ne m'attache au roy de Prusse, qu'après en avoir demandé la permission, et qu'après que le roy de Prusse a bien voulu faire les premières démarches, que je ne m'y suis déterminé que parce que j'étois bien convaincu, que d'être à la cour de Berlin, c'étoit apartenir au roy, et être son sujet une seconde fois.
Au reste je vous supplie de considérer que ma pension qui a été placée sur l'office d'historiografe, m'avoit été donnée il y a trente ans, que c'étoit une compensation qu'on m'avoit faitte quand on me l'acorda. Soyez convaincu monseigneur que l'objet le plus intéressant pour moy dans cette petite affaire est mon respectueux attachement pour la personne de sa majesté, que c'est surtout, ce sentiment qui me rend ses bienfaits prétieux. J'ay tout lieu d'ailleurs de me flatter qu'on ne me traittera pas plus mal que M. de Maupertuis. Nous croyons icy tout deux être dans une province de France, et c'est avec ces sentiments inaltérables, et le plus sincère respect que je serai toutte ma vie,
monseigneur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire