[c. 5 January 1752]
Sire,
Votre majesté peut savoir que de tous les français qui sont à votre cour j'étais le plus tendrement attaché à mr de Rotembourg.
Il m'avait promis en dernier lieu qu'il me ferait l'honneur d'être mon exécuteur testamentaire et je ne m'attendais pas qu'il dût périr avant moy. Je vous fis demander permission il y a quelques jours de me mettre à vos pieds et de mêler un moment ma douleur à la vôtre, et je sortis de mon lit où je suis presque toujours retenu, pour venir m'informer dans votre antichambre de l'état de votre santé, craignant que votre sensibilité ne vous rendît malade.
Au reste, je demande pardon encorà votre majesté de luy avoir écrit sur une autre affaire, dans le temps où j'ignorais la mort de M. de Rotembourg. Je suis bien éloigné d'être occupé de cette bagatelle. Je ne le suis que de la perte que vous avez faitte, et je peux encor ajouter que votre majesté doit s'apercevoir par mon genre de vie, et qu'elle sera toujours convaincue par touttes mes démarches, que je ne suis icy uniquement que pour elle; il n'y a assurément que l'excez de ses bontez qui puisse me faire suporter de si longues maladies, privé de toutte consolation.
V.