[à Paris 29 avril 1745]
Je tremble que nos tristes avantures de Baviere ne déterminent le Roy de Prusse à faire une seconde paix.
Vous êtes monseigneur dans des circomstances bien critiques, et nous aussi. Si cela continue, le bel employ que celuy d'historiografe!
Je suis bien affligé de ne pouvoir vous faire ma cour parce que le fils de madame du Chastellet a quelques boutons au visage à quarante lieues d'icy. J'ay toujours eu plus à soufrir qu'un autre des préjugez de ce monde.
Mon tendre attachement pour vous fait ma consolation.
V.
J'aprends que tous ces écrits (qui par parentèse sont de faibles armes quand on est battu) pour donner l'exclusion au grand duc, ne font point un bon effet en Allemagne. On y sent trop que ce sont des Français qui parlent. Il me semble qu'un air plus impartial réussiroit mieux, et qu'un bon Allemand qui déploreroit de tout son cœur les calamitez de sa pesante patrie, feroit une impression tout autre sur les esprits. Pardon, je soumets mon petit doute à vos lumières, et je vous rends compte simplement de ce qu'on m'écrit.
Il ne m'est rien revenu de mon correspondant qu'une prière du roy de Prusse à la reine de Hongrie de ne point prendre ses vaissaux sur l'Elbe. Ses vaissaux sont des battaux, mais gare que le roy de Prusse ne fasse d'autres prières.