Ma mauvaise santé et les maux continuels que je souffre m'ont empéché monsieur de vous remercier plutôt de vos bontez.
On vient de faire partir une petitte cassette à votre adresse dans la quelle vous trouverez tous les titres et mémoires qui concerne l'affaire dont vous avez la bonté de vous charger. Elle est partie par le messager ou par le carosse. Je vous suplie de l'envoier retirer; cette lettre vous servira de lettre d'avis.
On m'ordonne de vous suplier de faire vendre les deux parties de rente en même temps. Il seroit naturel qu'il y eût un petit pot de vin pour la personne qui vend ce bien, mais du moins si elle ne peut avoir cette douceur il ne faut pas la forcer a abandonner les arrérages de l'année, que si l'aquéreur s'opiniâtre à ne vouloir point donner le pot de vin et même à retenir pour lui ces arrérages contre toutte justice. On est absolument déterminé à ne céder que la moitié des dits arrérages.
Les personnes qui font vendre ce bien sont dans la disposition de vous témoigner leur reconnoissance. Pour moi monsieur si je puis vous être jamais bon à quelque chose dans ce pays, emploiez moy, vous me ferez plus de plaisir encor en me chargeant de vous rendre service qu'en me rendant vos bons offices dans cette affaire. Je suis de tout mon cœur Monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire