au château de Ferney 27e 8bre 1765
Monsieur,
Je dois avoir l'honneur de vous faire part, aussi bien qu'au conseil des difficultés qu'un des commissaires nommés par le Roi élêve contre les droits de vôtre République.
Il prétend que Les Lettres patentes de Henri 4 enrégistrées au parlement de Dijon, n'aiant été obtenues que sur les représentations de nos Etats de Gex, elles ne peuvent faire de loi pour les intérêts de la République. Je maintiens aucontraire que ces lettres patentes aiant ordonné que tous les seigneurs jouïront de leurs anciennes prérogatives, la seigneurie qui en a toujours jouï, doit être maintenue dans un droit, fondé d'ailleurs sur les traittés.
Je me suis toujours fait, Monsieur, un honneur et un devoir de marquer mon zèle pour le conseil de Genêve, et de le servir autant qu'il a dépendu de moi. Je vous prie de l'assurer que ce zèle ne s'est point refroidi, et qu'en toutes les occasions je lui témoignerai mon attachement respectueux. Ma santé, comme vous le savez, Monsieur, ne me permet pas de sortir de chez moi. Si vous pouvez vous échapper quelques moments, et venir dîner à Ferney je regarderai cette bonté comme une grande grâce. J'aurai l'honneur de vous entretenir, et de vous marquer de vive voix, le respect et le dévouement avec lequel je serai toujours
Monsieur
Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire