à Ferney 12e august 1763
Monsieur,
Mr De Boisy et Mr Le Colonel Pictet, ont dû vous écrire pour des intérêts qui regardent l'ancien dénombrement, et qui ne sont point étrangers à la République.
Il s'agit d'une dixme dont on révendique les fruits sur Mrs De Budé et Pictet. On va attaquer celle de Prègny dont la république a les trois quarts. Cette affaire qui était au conseil du Roy, en vertu des traittés et des promesses de nos rois, est renvoiée au Parlement de Dijon par un arrêt du Conseil obtenu par défaut, contre mesrs De Budé d'une manière subreptice.
Je sçais, à n'en pouvoir douter, que le dessein est pris d'attaquer toutes les dixmes de l'ancien dénombrement, et le conseil peut compter sur ce que j'ai L'honneur de vous mander.
Si le Magnifique Conseil, Monsieur, veut recomander à son résident, d'écrire seulement en général à Mr Le Duc De Praslin, qu'il le prie d'avoir pour recommandées les possessions des dixmes de l'ancien dénombrement; Monsieur Le Duc De Praslin alors sera fondé à faire regarder par le conseil du Roy l'évocation de la dixme de Mrs De Budé, comme une affaire d'état, et la connaissance de toutes ces affaires sera interdite, comme par le passé, aux parlements du Royaume; La République ne sera point compromise par cette démarche, ses droits et ceux de ses citoiens seront en sûreté.
J'ai trop de respect pour le conseil de Genêve pour avancer rien dont il puisse douter.
J'ai L'honneur d'être avec respect
Monsieur
Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire
Si vous me donnez vos ordres je vous prie de les adresser chez mr Souchai aux rues basses.