au château de Ferney par Genève 2e juin 1763
Monseigneur,
Mes anges me mandent que vous n'êtes pas mécontent de ma diligence, mais je ne sçais point dans quel goût on fait la gazette Littéraire, si les extraits doivent être longs ou courts.
Vous pouvez ordonner qu'on m'envoie cette gazette, afin que je me conforme à la métode qu'on y suit. Je suis à sec pour la Suisse, elle vous fournira toujours plus de régiments que de livres nouveaux.
Je doute encor, malgré l'avis des bureaux de mr De st Florentin, que je doive adresser ma requête à d'autres qu'à vous. Cette requête est uniquement fondée sur les traittés, et particulièrement sur le onzième article du traitté d'Arau; il me semble que celà dépend entièrement de vôtre ministère. J'ai envoié, à tout hazard, copie de la requête et du brevet, à Mr De st Florentin, mais je ne puis croire qu l'évocation au conseil des affaires entièrement relatives aux traittés, soit d'un autre ressort que du vôtre. Je puis encor moins espérer une meilleure protection, et qui me soit plus chère que celle dont vous voulez bien me flatter. Je ne suis pas aujourd'hui dans mon bon jour pour les yeux, pardonnez si je ne vous écris pas de ma main.
Vous savez avec combien de respect et de reconnaissance j'ai L'honneur d'être
Monseigneur
Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire