1763-06-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Mariette.

Je vous suis très obligé monsieur d'avoir eu la bonté de faire rectifier la petite omission du bureau, au sujet des lettres patentes.

Mr du Pui joint ses remerciments aux miens. Il vous a recommandé deux petites affaires, l'une pour L'exportation de ses bleds que M. de Courteilles a renvoyé à l'intendant, et qui n'est qu'une chose de faveur dont nous sommes peu en peine, l'autre est une requête au conseil pour ne pas payer la capitation en deux différents endroits; elle est acompagnée de pièces justificatives. Vous l'avez remise au bureau de Monsieur Dormesson. Mr Du Pui luy a écrit. Ce qu'il demande parait juste. Quand vous aurez ocasion de parler aux commis de ce bureau ou à monsieur Dormesson luy même j'espère que cette affaire ne soufrira pas grande difficulté.

J'ay présenté une autre requête au Roy en son conseil au nom de madame Denis, ma nièce, pour avoir nos causes commises au conseil concernant les droits de notre terre de Ferney, droits fondez sur les traittez des rois avec les dominations voisines, droits qui nous ont été confirmez. Nous réclamons les arrêts du conseil qui deffendent aux parlements de connaître de ces droits. Il reste à savoir si nous devons obtenir en général une commise de nos causes au conseil, ou attendre qu'on nous attaque. J'aurai l'honneur d'entrer dans un plus long détail avec vous quand il en sera temps. Je vous explique seulement en général ce dont il s'agit afin que vous soyez au fait si on vous parle de ma requête aux bureaux de M. de st Florentin.

Je viens à la grande affaire des Calas qui vous a fait tant d'honneur. Il est bien étrange que le procureur général de Toulouse n'ait pas envoyé les procédures au conseil le onze de ce mois qui est l'échéance du terme prescrit par le Roy.

Nous nous flattons que vous demanderez le Renvoi au grand conseil. C'est ce qui peut arriver de plus favorable.

Je pense qu'il faut bien se donner de garde de rien écrire sur cette affaire ny en vers ny en prose. Elle est en règle. Les déclamations sont inutiles, et il n'apartient qu'à vous d'écrire, quand on instruira la revision du procez. On espère tout de votre sagesse, de votre véritable éloquence et de votre bonne volonté.

J'ay l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois monsieur votre t. humbl et tr. obéisst servr

Voltaire