1763-11-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacob Favre.

Monsieur

J'ai l'honneur de vous adresser la Lettre que je reçois de mr le premier Président de Bourgogne, et de la soumettre à la prudence et à la discrétion du magnifique conseil.

Je dois en même temps l'avertir que les Curés de Gex prétendent toujours revenir contre toutes les aliénations des dixmes, et que la Lettre de M: le Duc de Praslin, quoi qu'écrite au nom du Roi, ne sera pas reçue par le parlement de Dijon, comme un ordre auquel il doive obéïr. Les parlements du roiaume ont des formalités dont ils ne se départent jamais. Vous voiez les deux ouvertures que donne m: le premier président de Lamarche. C'est au magnifique conseil de peser si le parti de demander que les traittés soient enrégistrés au parlement de Dijon n'est pas le plus convenable. En ce cas, je crois que Mr Cromelin obtiendra aisément du ministre cette démarche qui parait nécessaire, et qui est peut être la seule qui puisse assurer à Genève, et aux seigneurs du païs de Gex la possession des droits et des dixmes dont ils jouissent. Je n'ai, Monsieur, de volonté dans cette affaire, que celle du conseil de Genêve; je me règlerai par ses ordres et par ses lumières.

La terre de Ferney étant toujours de l'ancien dénombrement elle tombera nécessairement quelque jour, entre les mains d'un citoien de Genêve, et il est important qu'elle conserve ses droits.

Je suis trop heureux et trop flatté que mes intérêts dépendent de ceux de vôtre République.

J'ai L'honneur d'être avec bien du respect,

Monsieur,

Vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire