1763-11-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacob Favre.

Monsieur,

Je suis obligé d'avoir l'honneur de faire part au conseil, de ces mots de Monsieur le Duc de Praslin du 19e du présent mois.

‘Pour statuer en règle, Monsr De Praslin a besoin d'une demande en forme de la République de Genêve, Mr Cromelin attend des ordres à ce sujet, et donnera en conséquence un mémoire qui mettra en état de prononcer.’

Il est inutile, Monsieur, que je vous répète que les Parlements de France n'admettent plus de simples Lettres écrites au nom du Roy par les ministres, que l'assurance donnée à la République, au nom du Roy, par Mr le Duc de Praslin, ne sera jamais regardée par les parlements comme une pièce autentique: que les curés de Gex se préparent tous à soutenir leurs prétendus droits, et qu'on peut les arrêter pour jamais par une démarche en forme. L'affaire présente regarde d'ailleurs principalement un de vos concitoiens auquel on redemande près de quinze années de jouïssance. L'intérêt que j'ai à la chose est très peu considérable, mais ce qui m'est infiniment sensible c'est de recevoir par vous une marque de la bonté du magnifique conseil.

J'ai l'honneur d'être avec respect

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire