1764-12-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Je suppose, mon cher ami, que vous avez reçu il y a environ trois semaines une Lettre que je vous ai envoyée par made Dufreney. Il était question de vôtre arbitrage entre m: le Duc de Virtemberg et moi chétif. J'essuie de très grandes difficultés par raport à ma famille. Je sais bien qu'à mon âge je ne risque rien pour moi, mais mes héritiers en faveur de qui j'ai stipulé peuvent survivre au Duc règnant. Je suis très sûr à présent que les terres sont substituées. Les successeurs de mr le Duc seront en droit de refuser l'éxécution d'un contract auquel ils n'ont pas consenti. Ils auraient pour prétexte que cette dette n'a pas été acceptée par les états de Virtemberg; mes héritiers n'auraient pour ressource que la loi de l'honneur et de la bienséance. Je suis bien sûr que les princes frères du Duc rêgnant ne manqueraient pas à cette loi sacrée; mais par malheur cette loi de L'honneur qui est dans leur cœur ne peut entrer dans un contract, et il faut d'autres sûretés dans une affaire aussi importante.

J'ignore si les états de Virtemberg voudraient accepter le nouveau contract proposé, et ratifier en même temps les autres.

J'attends vôtre sentence d'arbitrage, et je voudrais bien pouvoir vous la demander moi même. Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.