1755-02-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Tronchin.

Je pense qu'on peut simplifier l'affaire de St Jean.

1. Mr Mallet aura la bonté de convenir de tous les articles ci devant spécifiés.

2. Je prête 87200 £. de France à l'acquéreur réel, le quel ne viole la Loi en aucune manière.

3. Pour le remboursement de mon prêt, il est à l'option de l'acquéreur de me louer la maison par un bail conforme à celui de Mr de Gauffcourt, ou de m'assigner la maison avec la jouissance et les meubles, jusqu'à ce qu'il me rembourse: Et dans l'un et l'autre cas me donner les sûretés convénables contre toute créance, et contre tous droits à sa charge. En ce dernier cas on stipulera toujours les clauses convenues entre l'acquéreur et moi par le mémoire du 6ème février.

4. Il ne sera quéstion dans le contract entre l'acquéreur et moi de rien qui puisse laisser présumer que l'acquéreur n'a été qu'un prête-nom.

5. Seulement pour prévenir tout reproche que mes héritiers pouraient faire à l'acquéreur de m'avoir emprunté une somme considérable dont ils ne retireront peut-être à ma mort que la moitié, j'écrirai à l'acquéreur une lettre de remerciement qui le mettra à l'abri de toute imputation injuste.

Peut-être moyennant cet arrangement, toutes les difficultés seront levées, soit que l'acquéreur prenne le parti de faire avec moi le contract de Mr de Gauffcourt, soit qu'il m'assigne le domaine et la maison de St Jean pour payement de mon argent; et que dans l'un et l'autre cas il me mette juridiquement à l'abri de toute poursuite de ses Parents, ou Créanciers.

Voltaire