1763-05-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Marie Balleydier.

On m'assure Monsieur que la procuration sous seing privé donnée à mr Etienne de Crassi par messieurs ses frères et mesdames ses sœurs n'est pas suffisante pour mettre mes créances en sûreté.

Je suis prest de faire à mr de Crassi et à toutte sa famille tous les plaisirs qui dépendront de moy. Il est nécessaire au préalable que Mr de Crassi ait une procuration par devant notaire tant de made sa mère et de ses frères et sœurs pour l'autoriser à emprunter et pour ratifier les emprunts cy devant faits afin de parvenir à rentrer dans leur domaine, sauf ensuitte à la famille de s'arranger avec mr Etienne de Crassy.

Il y a encor un party plus court à prendre, c'est que toutte la famille me passe une procuration pour agir en son nom à l'effet de recouvrer son domaine, autorise les emprunts faits à moy au nom de la famille pour la poursuitte de cette affaire, promette le remboursement de mes avances et de mes frais, me donne pouvoir d'agir en son nom, de constituer et révoquer procureurs, de faire généralement tout ce que je jugerai convenable, ratifie les emprunts faits par mr Etienne de Crassi qui en comptera à la famille, en un mot je demande une procuration légale et ample qui mette tout en règle, et en sûreté.

Quant aux trois mille livres et arrérages que me doit le sr Vaillet j'en ay un besoin pressant. Votre devoir est d'agir. Il ne peut vous en savoir mauvais gré. Je vous déclare donc qu'il faut absolument et sans délay redemander mon argent en justice. J'en suis fâché, mais j'y suis forcé.

Je vous prie de demander à mrs de Crassi leur dernière résolution. Vous pouvez leur faire entendre que ce n'est qu'en vertu d'une procuration en bonne forme que je peux leur prêter de l'argent.

Faittes assigner Vaillet, sans remise.

V. t. h. s.

Voltaire