à Montbéliard le 13 Janvier 1773
Sérénissime Duc, Très gracieux Prince et seigneur,
Votre Altesse sérénissime nous ayant autorisés par son gracieux Rescrit du 19 7bre dernier à faire emprunt en faveur de la Recette de ce Païs d’une some de 140 à 150/m.lt pour satisfaire aux Charges pressantes de lad.
Recette, à charge de faire le remboursement de cette some dans le terme de six années, Nous nous somes pour cet efet adressés de tous côtés, principalement en Suisse: Mais on ne veut partout prèter de l’argent, que sous Caution bourgeoise, qu’il nous est impossible de trouver, de manière que nous avons été obligés d’avoir de nouveau recours à M. de Voltaire. Après une Correspondance assez ample, où il nous a d’abord assurés, qu’il n’avoit aucun argent, mais qu’il tâcheroit d’en trouver dans la Bourse des Banquiers de Genève, il nous a enfin envoyé un Projet pour un Emprunt de 100/mlt. de Genève sur l’Hôpital du Lieu, sous les réserves et conditions spécifiés dans ce Projet, que nous prenons la liberté de joindre à ce pli.
Come nous trouvions ces Conditions dures, puisqu’il s’agissoit d’homologuer le Titre au Parlement de Besançon, ce qui nous paroissoit contraire à l’honeur de Votre Altesse sérénissime et d’une dépense considérable, et qu’on y stipuloit les intèrêts au 6 1/4 pr Cent par anée, nous lui répondimes, qu’il n’étoit guère possible de consentir à la première condition et que nous trouvions les intérêts exorbitants, vû surtout qu’il s’agissoit de placer un Capital avec autant de sûreté.
Par sa Lettre du 24 9bre dernier il nous fait conoitre, qu’efectivement l’on ne pouvoit emprunter à Genève sans embarras et sans beaucoup de frais, mais qu’il écrivoit à Paris et qu’il croyoit pouvoir y trouver de l’argent à de meilleures Conditions.
Le 25 xbre il nous marque, que s’étant adressé à M. de la Borde à Paris, cy devant Trésorier de France, il n’avoit pu réussir suivant qu’il plaira à Votre Altesse sérénissime de le voir par la Copie de sa Lettre.
Dans ces Circonstances nous ne voyons point d’autre parti à prendre que de faire partir incessament le Conseiller Jeanmaire pour Bâle, Berne et Genève avec les Procurations nécessaires, afin d’y négocier sur les Lieux, s’il est possible, sous l’hipothèque spéciale de la seigneurie de Franquemont et des Terres d’Alsace, l’Emprunt dont s’agit et aux meilleures conditions qu’il pourra faire.
Le besoin de cette ressource est d’autant plus pressant, que l’Apanage de S. A. Se Monseigneur le Prince Louïs échu à la st Martin dernière n’est pas encore payé, et qu’il ne manquera pas d’en porter plainte à Votre Altesse sérénissime ainsi que M. de Thun. Mais nous nous flatons, que conoissant aussi bien que nous la triste situation de la Caisse de ce Païs, Elle ne voudra pas nous imputer la faute de ce retard.
Dez que le Conseiller Jeanmaire sera de retour nous aurons l’honeur d’informer Votre Altesse sérénissime du succez de son Voyage.
Nous somes
D’Uxhull, de Goll, F. A. Comte de Sponeck, Th. Bouthenot, Goguel, Jeanmaire, Rossel, Beurnier, C. Goguel, Gropp fils