A Montbéliard le 30e avril 1776
Sérénissime Duc, Très gracieux Prince et Seigneur,
M. de Voltaire nous ayant informé par sa lettre du 30e mars dernier qu'il avoit tiré en faveur des entrepreneurs de sa colonie deux lettres de change de 21131lt chacune, dont la prémière devoit étre payée au comencement de juin et la recette générale se trouvant hors d'état de pouvoir acquitter cette some au terme qu'il fixoit, nous lui avons écrit le 6 du courant, pour l'engager à se contenter du païement de tous les intérêts qui lui sont dûs formant une some de 10500lt que nous avons promis de lui faire tenir dans le courant de Juin.
Il a accepté nôtre proposition, par sa lettre du 13 avril, et nous avons, Sérénissime Duc, donné ordre aux Reçeveurs d'Alsace de faire entrer par tous les moïens possibles, les redevances arriérées et de vendre toutes les denrées existantes sur les greniers et dans les Caves aux meilleurs conditions pour satisfaire à ce païement.
Les denrées se trouvant aujourd'hui à un assés bas prix, les païemens ordinaires dont les Caisses d'Alsace sont chargées, se trouveront par là retardées.
Nous espérons cependant, Sérénissime Duc, qu'au moien de ces arrangemens nous parviendrons à contenter M. de Voltaire pour le moment présent, et que nous pourrons l'engager cy-après à différer le remboursement des 170/m.lt de principal qui lui sont duës et qu'il nous seroit impossible de payer, soit en tout, soit en partie, dans ce Courant de l'année, com'il le demande.
Nous sommes
Rossel
Beurnier; C. Goguel; Gropp; Parrot; de Goll; F. A. Comte de Sponeck; F. C. Bouthenot; Jeanmaire